• Autant savoir avant d'acheter vos semences.

    Article de Gauthier Baudoin sur la sélection des semences
     
    La grande saison des semis a débuté pour le jardinier qui doit maintenant faire le choix des variétés qu'il cultivera cette année au potager et se fournir en semences.
    Dans ce domaine comme ailleurs, les choix des consommateurs déterminent toute une filière de production et de distribution. Un acte de consommation n'est jamais anodin et particulièrement lorsqu'il s'agit de nos relations à d'autres êtres vivants.
     
    Dans le domaine des semences potagères, les variétés hybrides F1 sont devenues la norme chez la plupart des semenciers (même certifiés bio) et pour de nombreuses espèces : tomates, courges et courgettes, maïs, carottes... Sans rentrer dans le détail de cette technique d'obtention de nouvelles variétés découverte il y a plus d'un siècle, il faut souligner qu'elle se base sur l'affaiblissement génétique systématique des plantes. En effet, dans le but d'améliorer un caractère précis lié par exemple au rendement, à la précocité ou à la résistance aux "maladies", les sélectionneurs créent des "lignées pures" au patrimoine génétique très restreint. En croisant deux lignées pures de gènes différents, les sélectionneurs obtiennent ces fameux "hybrides F1". Ces hybrides, en plus de posséder les caractères pour lesquels ont été sélectionnés leurs "parents", présentent en général une vigueur particulière. Comme si, après avoir été appauvrie pendant de nombreuses générations, la diversité génétique retrouvée par la génération F1, suite au croisement, apportait un tel soulagement à la plante que celle-ci se trouve "régénérée". Mais cet effet s'estompe dès la génération suivante, raison pour laquelle les variétés hybride F1 ne peuvent pas être utilisées pour produire soi-même des semences. Les plantes issues de croisement entre plantes de variété F1 seront très hétérogènes et, théoriquement, la moitié d'entre-elles devraient être particulièrement affaiblies car ressemblantes aux "lignées pures "qui en sont à l'origine (c'est à dire leur "grands-parents").
     
    Outre cette question de la non-reproductibilité, les voies de sélection auxquelles sont soumises les plantes pour la création des hybrides F1 devraient à elles seules nous convaincre de nous tourner vers des variétés issues de la sélection aux champs des meilleures plantes. Cette sélection dite «massale», permet encore aujourd'hui l'obtention de nouvelles variétés par certains semenciers avisés.

    Retenons également que depuis quelques années les semenciers utilisent une manipulation des cellules pour obtenir des plantes mâles stériles afin de produire à moindre coût les "lignées pures" à l'origine des hybrides F1. Cette technique, dite CMS (stérilité mâle cytoplasmique) est particulièrement appliquée aux crucifères (choux, colza, radis...). Elle n'est juridiquement pas considérée comme un OGM, alors qu'il s'agit bien de contraindre en laboratoire une cellule à accepter d'intégrer un élément qui lui est étranger. De ce fait, il n’existe pas d’obligation d’étiquetage signalant des semences ou des produits issus de cette manipulation.
     

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